HUNSPACH Histoire d’un village alsacien aux carreaux parfois bombés
Hunesbach et les Puller Hohenbourg
Le nom de Hunspach apparaît assez tardivement, au XIIIe siècle : sous la forme Hunesbach. Le village est alors un fief du Saint Empire romain germanique, tenu par les Puller de Hohenbourg dont le château coiffe encore l’un des sommets au nord de Lembach. A leur extinction au XVe siècle, Hunspach passe à l’Electeur palatin, puis, en 1504, l’empereur Maximilien le remet aux ducs de Deux-Ponts qui l’intègrent au bailliage de Cleebourg. Ils le conservent jusqu’à la Révolution, non sans avoir dû accepter la souveraineté du roi de France en 1680.
Pendant la guerre de Trente Ans, les troupes impériales catholiques, ennemies du duc, protestant, incendient et rasent le village en 1633. Après la paix de 1648, pour repeupler le village et en relever les ruines, le duc fait appel à des colons des cantons suisses, de la même confession que ses sujets, sous des conditions favorables (exemption temporaire des impôts, attribution des terres vacantes). Leurs patronymes se sont perpétués jusqu’à nos jours dans la population.
Les annexions allemandes
Les deux siècles suivants assurent au village une certaine tranquillité et la prospérité. Le chemin de fer s’arrête en gare de Hunspach. L’annexion allemande de 1871 à 1919 ne modifie pas la vocation agricole des habitants et fait bénéficier le village de travaux d’assainissement. De 1914 à 1918, il accueille des réfugiés de Sondernach, en vallée de Munster, chassés par les combats. Ses habitants sont évacués en 1939-1940 à Folles (Haute-Vienne) et subissent ensuite les affres de l’annexion de fait par le Troisième Reich.
La Réforme
Au plan religieux, Hunspach dépend au Moyen Age du diocèse de Spire. Les Deux-Ponts introduisent la Réforme luthérienne en 1530. En vertu de la règle en vigueur dans l’Empire, cujus regio, ejus religion, tel prince, telle religion, tous ses sujets doivent le suivre. Cependant, en 1588 il opte pour la Réforme calviniste et du jour au lendemain, tous ses sujets en font autant. L’apport des immigrés suisses vient ensuite renforcer ce courant, encore majoritaire dans le village aujourd’hui.
Entre architecture et costume traditionnel
L’église ou temple a été reconstruite en 1756 -1757, son clocher rebâti en 1874. L’orgue date de 1782. La mairie, ancienne école, est plus récente : 1868-1869. La rue Principale présente les plus belles maisons à pans de bois, toutes blanches, pignon sur rue, avec le K aux angles, propre à l’assemblage de cette région. Auvents, fenêtres aux carreaux parfois encore bombés, bâtiments utilitaires formant un U autour de la cour, pavée à l’origine, caractérisent les fermes cossues des paysans aisés. Les maisons des journaliers, plus simples et modestes, sont de même style. Les anciennes auberges Au Cerf et A la Couronne arborent de remarquables enseignes. Enfin des puits à balancier, Schwenkelbrunnen, typiques de l’Alsace du Nord complètent, cà et là, le décor. Le tout est, bien sûr, abondamment fleuri.
Le costume traditionnel des femmes ne comporte pas le grand nœud noir bien connu, mais une coiffe, sorte de bonnet agrémenté de rubans, et pour les hommes un bonnet noir, assez haut de forme, à la couronne renforcée, comme on peut les voir sur les portraits peints par Louis Philippe Kamm ou encore sur les deux peintures murales de Tinsel à la mairie.
A visiter au plus tôt!
Texte: Christian Woff
Photographies: Eric Mayer-Schaller