MONTSÉGUR Symbole Cathare en Occitanie
L’Ariège, région chargée d’histoire, depuis les Mérovingiens dont on peut voir la magnifique nécropole de Tabariane, en passant par l’église troglodyte de Vals, puis la cité médiévale de Mirepoix. Et enfin Montségur, symbole du Catharisme en Occitanie.
Mais qu’est-ce que le Catharisme ?
D’où vient-il, comment s’est-il fixé en Occitanie et pourquoi cette terrible répression ?
Cela a duré de 216 à 1328
216
Le catharisme est issu du manichéisme et du Bogomilisme.
Manès né en 216 en Mésopotamie, mort martyrisé à Ctésiphon en 277. Se dit prophète successeur de Bouddha, de Zoroastre et de Jésus. Il fait une synthèse de ces trois religions qui conduits à un système dualiste : Bien et Mal, Lumière et Ténèbres.
De nombreux points se retrouveront dans la religion cathare, en particulier la distinction entre le dieu du bien et les forces du mal, ces dernières étant incarnées dans la matière et dans le monde sensible. L’Eglise catholique, par son organisation temporelle, représentait pour les Cathares une institution vouée au mal.
Le bogomilisme avait pris un essor considérable en Bulgarie sous le règne de Pierre 1er (927929).
« les cathares sont Les Manichéens du Temps Présent. »
L’an mil voit se manifester de nombreuses hérésies. Elles prendront encore de l’ampleur pendant les XIème, XIIème et XIIIème siècles. Le catharisme n’est qu’un volet de ces mouvements à contre-courant de la pensée romaine. Pauvres de Lyon, vaudois, béguins, patarins, tisserands… le Manuel de l’Inquisiteur (de Bernard Gui, réédité par la société d’édition Les Belles Lettres, Paris, 1964) nous donne une bonne idée de la manière dont les hérétiques étaient perçus par les représentants du pape. Celui-ci appelle les cathares Les Manichéens du Temps Présent
On retrouve des cathares dans toute l’Europe, mais certaines spécificités sont à remarquer selon les régions. Ainsi, on retrouve plutôt des vaudois (de Pierre Valdo, marchand d’origine lyonnaise) dans les régions du Jura et des Alpes.
Bien qu’antérieurs à ce mouvement et à son créateur Pierre Valdo (1170 environ), des hérétiques ayant des idée en tous points similaires furent livrés aux flammes des bûchers en Allemagne au début du XIème siècle. Le phénomène cathare a pris de l’ampleur au nord de l’Italie, présentant tout de même une grande particularité par la diversité des communautés et de leurs oppositions sur le dogme même. On parlera ainsi de Cathares en Lombardie et de Patarins dans le reste de l’Italie et plus particulièrement à Florence.
Hiérarchie
Les cathares eux-mêmes ne se dénommaient que bons chrétiens ou bonshommes. Une distinction était opérée entre ceux qui avaient reçu le Consolamentum, sorte d’ordination, et les simples croyants. Le premier groupe constituait la véritable hiérarchie cathare, avec les parfaits qui prêchaient généralement par deux : le fils majeur et le diacre. Il existait aussi un ou plusieurs fils mineurs, antichambre des futurs parfaits itinérants.
L’ensemble était coordonné par un évêque dont la charge était géographiquement délimitée. A l’aube de la Croisade, on comptait alors six évêchés : Agen, Lombers, Saint-Paul, Cabaret, Servian et Montségur. Parmi les sièges de diacres, on peut remarquer Moissac, Cordes, Toulouse, Puylaurens, Avignonet, Fanjeaux, Montréal, Carcassonne, Mirepoix, Le Bézu, Puilaurens, Peyrepertuse, Quéribus, Tarascon-sur-Ariège.
l’Occitanie fut l’un des foyers les plus brillants de l’hérésie la mieux caractérisée : le néo-manichéisme.
D’autre part, l’implantation sociologique, politique et doctrinale de la nouvelle religion fut si vigoureuse et séduisante que toutes les couches sociales languedociennes, depuis une frange du clergé catholique, des classes chevaleresques pauvres en passant par celles des bourgeois, des marchands, et ainsi jusqu’aux plus petits laboureurs, furent touchées par l’hérésie.
Expansion
L’une des causes essentielle de l’expansion rapide du catharisme dans le Midi fut l’attitude bienveillante et tolérante des grands seigneurs languedociens : les comtes de Toulouse, les comtes de Foix, le vicomte de Carcassonne- Béziers…
Les cathares, contrairement aux vaudois ou au clergé catholique, travaillaient pour vivre, ils avaient donc des contacts permanents avec tous les milieux sociaux; leurs actions caritatives, leur dévouement à autrui, en un mot leur altruisme, faisaient de ces Bons Chrétiens un exemple. L’Église cathare était pauvre, comme les premiers chrétiens. Contrairement au clergé régulier en particulier (monastères), elle ne possédait ni serfs ni domaines.
Une autre cause de l’engouement et de l’expansion considérable réside dans le catharisme lui-même dont la doctrine présentait plus d’attrait et les réponses plus satisfaisantes aux questions et aux problèmes métaphysiques et religieux posés par les croyants.
1167
Fixation du Catharisme en Languedoc.
Un dignitaire bogomile, appelé Nicetas ou Nikétas, venu de Bulgarie, préside près de Toulouse, le concile cathare de,Saint-Félix-de-Caraman, dont le néologisme est Saint-Félix-du-Lauragais.
1232
Montségur, qui est devenu la résidence principale de son seigneur, Raymond de Péreille, va devenir l’ultime refuge languedocien des cathares. En 1232, alors que sa famille et ses amis, tous profondément croyants, sont réunis autour de lui, il reçoit un message de Guilhabert de Castres l’invitant à le rejoindre dans la forêt de Gaja, au nord de Mirepoix. Guilhabert de Castres et les quelque trente parfaits qui l’accompagnent vont demander à Raymond de Péreille de faire de Montségur «le siège et la tête» de l’église interdite.
Durant plus de dix ans, Montségur jouera parfaitement son rôle, à la fois refuge de la haute hiérarchie hérétique et résistance religieuse. Cette dernière allait clandestinement se développer et s’organiser dans le bas pays. Loin d’être cloîtré, ce lieu sera le théâtre d’incessantes allées et venues. Les bons hommes qui y reviennent, croisent ceux qui s’en vont à leur tour prêcher.
Guilhabert de Castres est signalé comme ayant administré le consolamentum ou prêché dans plusieurs centaines de localités différentes du Languedoc, sous le nez des Inquisiteurs.
Un synode hérétique se tient à Montségur, dans le pays ariégeois, où la résistance cathare s’est organisée – tout comme elle s’organise dans le Fenouillèdes, aux confins du Roussillon.
De son côté, l’Inquisition s’emploie à dépister et à traquer l’hérésie.
Montségur ressemblait à tous les villages de montagne, si ce n’est que ses habitants étaient des proscrits risquant le bûcher ou la prison perpétuelle.
1242
Pourquoi cette répression ?
Massacre des inquisiteurs à Avignonet par des gens de Montségur menés par Pierre-Roger de Mirepoix.
Cela précipitera l’action
militaire contre Montségur.
Dès 1198, Innocent III avait fait de la lutte contre l’hérésie son premier but afin d’établir un monde chrétien unifié. L’assassinat en 1208 de son légat Pierre de Castelnau fut le prétexte de la croisade. Pour attirer les chevaliers, le Pape va exposer en proie tout le Languedoc. Tout bon catholique se doit effectivement de dénoncer les hérétiques, mais de surcroît les déposséder de leurs biens, afin d’établir dans ce pays des habitants catholiques.
L’affaire de la Paix et de la Foi (nom officiel de cette entreprise) était en marche.
Ils seront aidés en cela par l’Inquisition créé par le Pape Grégoire IX en avril 1233. (Confié à l’Ordre des Frères Précheurs de Dominique de Guzman).
En ce début de XIV siècle, notamment avec Geoffroy d’Ablis, le personnel de l’Inquisition devient de plus en plus compétent. Notaires, clercs et évêques inquisiteurs – intégrés dans l’institution à partir de 1312 par la contestable décrétale Multorum querela – organisent une véritable recherche de l’hérétique.
L’inquisition de Carcassonne, forte à cette période de 17 diocèses, entraîne la création de succursales de l’Inquisition, notamment à Albi, Pamiers ou encore Montpellier. Des charges de lieutenants de l’Inquisition sont créées vers 1305, avec les nominations de dominicains comme Jean de Faugoux ou encore Géraut de Blomac. Des personnages comme Bernard Gui, inquisiteur de Toulouse en 1306, ou encore Jacques Fournier – futur pape sous le nom de Benoît XII en 1334 évêque inquisiteur délégué à Pamiers en 1317, marqueront profondément la profession d’inquisiteur.
Que s’est-il passé ensuite ?
Commencé en mai 1243, le siège de Montségur se termine le 16 mars 1244 par la mort sur le bucher des hérétiques.
En 1255, reddition de Quéribus ou la résistance cathare continuait avec l’appui des châteaux de Puilaurens et Fenouillet.
Ce sera pratiquement la fin de l’Hérésie Cathare. Quelques-uns se réfugient dans des lieux fortifiés comme les spulgas du Sabardès, ou se cacheront chez des amis ou encore s’enfuiront en Italie.
1328, Jacques Fournier, inquisiteur fait emmurer 510 cathares dans la grotte de Lombrives.
Ce sera le dernier grand évènement qui marquera l’histoire du Catharisme.
Il est intéressant de noter que très peu d’écrit ont subsisté. D’abord parce que les cathares avaient une tradition orale importante, puis l’inquisition a de son côté brulé tous les documents qui tombaient en sa possession.
Et ironie du sort la majorité des sources exploitées proviennent des registres de l’Inquisition.
Texte: Daniel Fassino
Photos: François Millo.