MAS D’AZIL Les profondeurs du monde
On est bien peu de chose à l’échelle de l’univers. Et, pour le vérifier en cette année jacquaire, le Mas d’Azil constitue une étape de choix.
On y remonte aux origines du monde, avant la présence humaine, il y a quelques millions d’années, quand la montagne n’existait pas. Une ère où la mer séparait la France de l’Espagne comme le prouvent tous les fossiles excavés sur place.
Une caverne préhistorique
Alors, si vous empruntez le GR70, le fameux Chemin de Stevenson, ne zappez surtout pas ce haut lieu de la Préhistoire, unique en son genre puisqu’il a donné son nom à la période Azilienne, méconnue du grand public.
Le Mas-d’Azil est en revanche connu, pour son tunnel traversé par une rivière (et une départementale )où l’on peut aussi cheminer à pied. Ce site a joué un rôle majeur, c’est l’une des premières cavernes où l’on a identifié l’homme de Cro-Magnon.
Fouillée depuis plus d’un siècle et demi, cette caverne très riche a surpris les chercheurs qui pensaient ne plus y trouver de vestiges. Erreur, car de nouvelles découvertes ont permis d’opérer un décryptage inédit de la présence humaine et des tous premiers hommes modernes, il y a 35000 ans, au pied des Pyrénées.
Bref, vous allez plonger dans les entrailles de cette très vieille dame qui documente des moments clés de la Préhistoire, et n’a pas encore, selon les spécialistes livré tous ses secrets.
Elle le fait d’ailleurs en plusieurs volets, au fil du temps de son accessibilité car, comme toutes ces grottes, ses boyaux se sont fermés puis ouverts au cours des réchauffements climatiques et du travail des eaux souterraines qui forment les concrétions calcaires. Ce qui explique qu’elles sont peut -être, côté découvertes, un puits sans fond, en tout cas qui justifie qu’elles soient revisitées régulièrement …
L’accès au public étant absolument impossible car il faut ramper pour voir les peintures rupestres et autres galets peints aziliens, il est vivement conseillé de s’arrêter au centre d’ interprétation qui ouvre un large champ des possibles.
mais pas que…
Si la caverne attire chaque année quelques 37 000 visiteurs, on compte pas moins de 140.000 curieux qui font le déplacement pour découvrir les environs.
Et ils ont raison, ne serait-ce que pour découvrir la fabrique des créatrices à la sortie de la grotte qui expose le fruit de leur travail : céramique, mobilier en carton, bijoux et autres produits made in Ariège.
Et bien sûr son joli village dont l’église sur la grand place arbore un étonnant clocher à bulbe, et ne ratez pas à une encablure en bordure de route un impressionnant chemin de croix.
Texte: Anne Sarbel
Photos: François Millo