Marais de Brière et Marais salants
Côté ouest, en Loire Atlantique, Marais de Brière et Marais salants, joue en duo le noir et le blanc
Autant de légendes, autant de lumières et d’attraits pour ces deux mondes si différents.
Au milieu, Guérande, ville fortifiée. Au cœur de la vieille ville, la collégiale Saint-Aubin qui fut le centre de la guerre de succession de Bretagne. C’est ici que furent signés les traités de paix de cette ville ducale et bretonne au XIVé siècle. Depuis le clocher, le panorama s’étend sur les toits d’ardoise de la ville et les proches marais salants. Vitraux et bestiaire médiéval se remarquent dans la nef de granit diables et sirènes se côtoient sur les chapiteaux. Du granit, il y en a partout ici : pavés des ruelles médiévales, façades des hôtels particuliers et des échoppes. Le shopping va bon train dans ce « mini Saint-Malo » et les terrasses sont accueillantes.
La Baule et Le Croisic ne sont pas loin.
Marais salants, blancs et roses
Il faut quitter Guérande pour entrer dans le domaine féérique des terres blanches de la presqu’île. Un paludier nous accompagne pour trouver la piste qui s’enfonce au milieu de ce site à voir par beau temps. Univers fragile où la faune et la flore sont facilement effarouchées. Il vaut mieux ne pas s’y aventurer seul. Ce sont des propriétés privées.
On saute de mare en marais, on chemine sur les étroites bandes qui séparent les bassins ou œillets, blancs de sel ou roses de la « fleur » de sel.
Les cristaux colorés de la fleur de sel se ramassent à la fln du jour avec mille précautions. Une fois secs, ils redeviennent blanc pur. La fleur de sel vaut plus cher que le gros sel gris qui gît en tas le long des œillets où le sel fln , non raffiné est séché et broyé pour garder intacte sa saveur. Peu de monde, le rituel de la récolte se fait lentement, bassin par bassin et les paludiers n’aiment pas les visites impromptues des touristes. Un monde silencieux où les photos sont des tableaux, où le geste ancestral du paludier écumant la surface opaque de l’eau est accompagné du cri des mouettes et des échassiers. Un métier qui passionne et incite, au retour, à ne plus déguster que du sel naturel. Ni lavé, ni raffinéet sans additif, il conserve toute sa richesse naturelle en magnésium et en oligo-éléments.
Marais de Brière, noirs et verts
Suivons l’envol vers l’est, des nombreux oiseaux migrateurs au dessus des 170 km2 des marais de Brière. Ces terres noires de tourbe et d’eaux saumâtres sont protégées par le Parc naturel régional de Brière. La balade en chaland, conduit par un Briéron ou par vous-même, révèle un univers que l’on croit endormi. Là aussi, c’est une erreur. Faites silence et observez. En mai, vous découvrirez les iris jaunes des marais, l’envol des hérons et des aigrettes. En été, tout bruisse dans les hautes roselières, on s’affaire.
À l’automne, le concert des grenouilles, le sillage d’un castor dans l’eau ou le vol des grues cendrées … En hiver, le cri guttural du butor étoilé … À chaque saison le marais est vivant, même lorsque l’on croise ces curieux troncs, à moitié enfouis, fossilisés dans la tourbe depuis des millénaires. Quelques artisans en font des objets d’art, stylos ou boîtes recherchés, car une fois poli, ce bois fossile et très dur et prend des allures d’ébène. En montant au clocher de Saint-Lyphard où les enfants découvriront de vieux outils, vous apercevrez les toits de chaume de l’île Fedrun et le village de Kerhinet.
Les marais deviennent blancs dans la Maison de la mariée !
La Maison de la Mariée de Saint-Joachim réunit une collection de couronnes de mariées. Un savoir-faire hérité autrefois des religieuses et dont chaque symbole raconte l’histoire d’une vie. Il n’existe que trois musées sur ce thème en France.
On ne saurait quitter la presqu’île de Guérande sans se rendre à Saint-Gildas-des-Bois, au nord de la Brière. Vous croyez avoir tout vu ? Les amateurs de fantastique n’en reviennent toujours pas. Ces très étranges chefs d’œuvres, réalisés par Pascal Convert, ornent depuis 2005 l’ancienne abbaye bénédictine. Elle est ouverte tous les jours. Pénétrez dans la nef obscure. Depuis les vitraux, des enfants en cristal vous suivent aussitôt du regard. Muets, les paupières baissées, ils vous observent de gauche et de droite et de droite et de gauche. Maussades, ils ne sourient pas. Couleur verre sur fond clair, ils prennent des reflets glauques. Seul un arbre mort et noir anime parfois le relief.
Très étranges, presque dérangeants, fascinants, ces Enfants de cristal ont été dessinés d’après des photos de jeunes aliénés. Saint Gildas, patron de l’église, ne soignait-il pas la folie ? Personnellement, j’ai aimé … à la folie. Prouesse technique, par un effet d’optique et de lumière, les enfants semblent vivants. Les reliefs du verre -dont chaque vitrail pèse des centaines de kilos – se jouent de la lumière. Leur présence est insistante. Dans la pénombre brune du grès Roussard particulier au terroir de cette magnifique abbaye romane, l’effet est saisissant.
Texte & photos © Anne-Marie Minvieille
Adresses utiles
CDT 44. Loire-Atlantique- tourisme.com
OT de Guérande. Visites guidées. ot-guerande .fr
Parc naturel régional de Brière = Visites guidées. parc-naturel-briere.fr
tourismesaintgildas-desbois.fr