Les eaux aixoises
AIX-EN-PROVENCE, la bien nommée en lumières
Des sources chaudes d’Aquae Sextiae…
Si Aix-en-Provence est réputée pour cette luminosité qui a si fortement inspiré Cézanne, la ville l’est aussi pour la qualité de ses eaux et l’abondance de ses fontaines. Ainsi, l’antique Aquae Sextiae, littéralement « les eaux de Sextius », tire à la fois son nom des nombreuses sources chaudes et froides de son sous-sol, et également du patronyme du général romain qui la bâtit en 122 avant J.C.
La ville s’est développée autour de ce trésor qu’est l’eau, puisant tout d’abord dans ses nombreuses sources. Avec le temps et le développement des activités agricoles et artisanales, elle s’est vue contrainte d’acheminer jusqu’à son centre les eaux environnantes, depuis la Sainte-Victoire et le cours de la rivière l’Arc. Il a donc fallu pour cela dresser des aqueducs et creuser des canaux.
Des structures encore visibles, sur la commune voisine du Tholonet, au pied de la Sainte-Victoire, avec les ruines d’un aqueduc romain qui, sur une vingtaine de kilomètres, acheminait les eaux du Blayon jusqu’à Aix.
À Meyrargues également, au nord de l’agglomération, c’est l’aqueduc de la Traconnade, par lequel s’écoulaient les eaux en provenance de Jouques, qui dresse encore fièrement quelques-unes de ses arches.
A partir du milieu du XIXe siècle, ces infrastructures vont se révéler insuffisantes, du fait de la poussée démographique, du développement de l’agriculture et de la multiplication des ateliers de tannerie, de teinturerie et de carderie, activités grosses consommatrices d’eau. Cette dernière corporation est d’ailleurs à l’origine de la dénomination d’une des places les plus animées du centre-ville ancien : la place des Cardeurs.
Ainsi fut donc décidée la construction du canal dit « du Verdon », captant, à 82 kilomètres du Cours Mirabeau, les eaux de la rivière au niveau du village de Quinson.
Véritable exploit technique, les travaux du canal débutent en 1866 pour s’achever le 15 août 1875, date à laquelle les eaux de la tumultueuse rivière alimentent enfin la célèbre fontaine de la Rotonde, ainsi que les nombreuses communes environnantes.
L’ouvrage assumera sa fonction jusqu’au milieu du XXe siècle. Les besoins en eau sans cesse grandissants des métropoles d’Aix-en-Provence et Marseille vont nécessiter, en 1950, la construction du barrage de Bimont, (photo) sur le flanc Ouest de la Sainte-Victoire, alimenté par la captation des eaux d’une autre retenue, aménagée également sur le Verdon : celle d’Esparron. Par la suite, le canal du Verdon sera totalement abandonné au profit de l’imposant canal de Provence, dont une partie des eaux captées à Vinon-sur-Verdon, où le Verdon rejoint la Durance, arrive jusqu’à Aix et sa région
… à la balnéothérapie du XXIe siècle.
Déjà prisés par les romains, les thermes étaient nombreux dès l’Antiquité, et il en reste de nombreuses traces archéologiques disséminées en divers endroits de la cité.
Même si elle a perdu son agrément de «Ville thermale» en 1998, Aix-en-Provence n’en a pas moins conservé un centre de balnéothérapie réputé qui attire plus de 50 000 clients par an.
Les thermes actuels sont situés en haut de l’historique cours Sextius (photo). Réhabilités à partir du XVIe siècle, ils sont édifiés sur les bains d’origine, à l’emplacement d’une toujours abondante source d’eau chaude, déjà exploitée durant le premier siècle de notre ère.
Il permet une large gamme de soins de bien-être, du corps ou du visage, allant de l’hydrothérapie aux douches à jet, en passant par les enveloppements de boue, massages relaxants, bains purifiants, sauna et hammams.
Des soins programmables sur quelques heures, voire une ou plusieurs journées, l’établissement s’étant doté d’un confortable hôtel, l’Aquabella, et d’un restaurant cosy de qualité, l’Orangerie.
Et entre deux séances, pourquoi ne pas envisager, toujours au fil de l’eau, de partir à la découverte de ces nombreuses et magnifiques fontaines disséminées dans la ville. Autant d’étapes pour s’imprégner du charme de cette cité de lumière et de douceur, à laquelle le «Bon Roi René», Duc d’Anjou et Comte de Provence, donna ses lettres de noblesse en s’y installant en 1472.
Et plus…
Comment se rendre à Aix, A7 et N7.
Les incontournables musées : Hôtel de Caumont, musée Granet.