Page 40 - AFJET Carnet de Voyage N°9 Eté 2020
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«Ouvrir un livre, est un acte d’évasion qui ne trouve Voyages immobiles à travers les mots de limite qu’aux frontières de notre imagination sans bornes. Rencontres vir- Durant ces deux mois de confinement, un besoin d’air s’imposait à moi. Ou- vrir un livre pouvait m’amener vers ces ailleurs qui font du bien. En ouvrant La Promesse de l’aube de Romain Gary, Bonjour Tristesse de Françoise Sagan, L’Etranger d’Albert Camus, Le Petit Matin de Christine de Rivoyre, au fil des pages, au fil des mots, Varsovie, la baie d’Alger, les plages des Landes et la Côte d’Azur entrent dans ma chambre sans avoir besoin du moindre passeport ni même d’une attestation de déplacement dérogatoire. L’Etranger d’Albert Camus : Mélancolie sur la baie d’Alger ! Ce qui fait tout le succès de ce premier roman d’Albert Camus paru en 1942, c’est d’abord ce personnage qui est également le narrateur. Il raconte l’histoire somme toute banale, celle d’un homme qui vient à l’enterrement de sa mère, qui tombe amoureux de Marie et dont le voisin de palier a des problèmes avec une de ses maîtresses. Et puis, dans un cabanon sur la plage, aveuglé par le soleil Meursault va commettre l’irréparable... Etranger sur la terre, étranger à lui-même Meur- sault pose les questions qui deviendront un leitmotiv dans l’œuvre de Camus. La ville d’Alger, où habite le narrateur, est omniprésente. Lorsque Meursault décide d’aller au bord de la mer pour déjeuner avec Raymond et Marie ou quand ils se promènent avec Masson sur la plage, je vois la baie d’Alger qui s’étale à perte de vue devant moi. Alger la Blanche, tour- née vers la mer, adossée à des collines au-delà desquelles s’étend une campagne prospère. Cette principale porte d’en- trée m’invite à me diriger vers l’intérieur du pays. Je sais que malgré cette course à la modernité, Alger s’efforce de préser- ver son âme. La ville reste très attachée à son identité et demeure d’une blancheur éclatante. Il suffit que je ferme les yeux pour que je m’évade vers la Casbah afin de glisser mes pieds dans ceux des pirates dans la partie basse de la vieille ville ou bien que je me dirige vers les ruines de Tipaza afin d’effectuer un voyage dans le temps qui me ramènera 2 000 ans en arrière avant de me rendre au Palais des Raïs tout droit sorti des mille et une nuits. tuelles avec q» uatre auteurs qui m’ont fait voyager les yeux fermés. Le Petit Matin de Christine de Rivoyre : Les Landes au galop ! Cette histoire d’amitié dans un village des Landes entre Nina, une jeune fille pas- sionnée de chevaux et un officier allemand qui occupe sa maison pendant la seconde guerre mondiale a des accents de fatalité et de danger. Dans le petit matin, le cavalier, immobile, la capote assortie aux chênes de l’airial : vert gorgé de noir va monter Que- relle, la jument de Nina. Va-t-elle succom- ber à l’étrange douceur du cavalier ennemi ? Le Petit Matin est le roman de l’occupation d’un cœur et d’un pays entre découverte de la nature, amour des chevaux et de l’océan. Au fil des pages, nous découvrons toute une galerie de paysages. Fiertés du sud-ouest de la France, les plages des Landes offrent un décor ininterrompu de plages de sable fin avec de nombreuses dunes et des pinèdes en bordure de l’océan Atlantique. Je ferme les yeux et je vois des surfeurs qui se laissent porter par le mouvement des vagues. Biscar- rosse avec ses 15 km de plages et ses nom- breux lacs aménagés, Hossegor, Mimizan s’étendent à perte de vue. Puis, je m’évade au cœur de la Forêt des Landes qui dévoile au fil des saisons différentes possibilités : étangs, tourbières, coteaux, pins... dont le Pin maritime reste le roi de la forêt. Il ne me reste plus qu’à faire une pause à l’ombre des arbres ou en bord du lac avec comme seul fond sonore le chant des oiseaux... une véritable bouffée d’oxygène en refermant Le Petit Matin qui me plonge dans l’ivresse du dernier songe de Nina. 40 afjet- Carnet de voyage Eté 2020 association française des journalistes et écrivains de tourisme