Page 4 - Carnet de Voyage N°6

4 Côté Sud Est La belle aventure du rosé
L’explosion sans précédent et inattendue de la consom- mation du vin rosé laisse les économistes perplexes et ra-
vit les producteurs concernés, tandis que les sociologues puisent dans leur science quelques explications à ce qui ressemble à un mini phé- nomène de société. Mais que s’est il donc passé depuis les années 90 ? Et en fait, c’est quoi le rosé ?
Même si ce n’est pas le plus excitant, il convient tout d’abord de jeter un coup d’œil sur quelques chiffres. En France, premier producteur et premier consommateur de rosé au monde, la consom- mation de rosé est passée de 8% en 1990 à 33% aujourd’hui: une bouteille sur trois consommée en France est du rosé! Premier producteur d’AOP (appellation d’origine protégée, anciennes AOC) rosé, la Provence dont la production est rose à 90%, met sur le marché 150 millions de bouteilles par an. Le Languedoc, premier producteur d’IGP (Indication géographique protégée, anciens «vins de pays») est au même niveau. L’exportation des vins de Provence est passée de 8% à 30% ces dix dernières années, avec une très forte exten- sion sur les USA. Personne n’aurait parié sur des chiffres aussi étonnants il y a une trentaine d’an- nées !
Car souvenez-vous : début des années 90... La consommation du vin est alors largement de couleur rouge. Depuis le milieu du 20eme siècle, les sommeliers sont devenus d’incontournables conseillers. Le consommateur se fie à «celui-qui-
sait», et les guides en tous genre font fortune. En France comme ailleurs, le sommelier conseille le rouge, souvent aussi le blanc, mais oublie tra- ditionnellement le rosé qu’il considère en règle générale comme un «sous-vin». Le rosé est éga- lement oublié dans le cursus de formation des œnologues.
L’une des explications au fait que le rosé ait été longtemps considéré comme un «sous-» du rouge est probablement du domaine technique. Dans certaines régions de notoriété, majoritairement pro- ductrices de rouge, le maitre de chai pouvait avant la fermentation, soutirer de sa cuve, une partie du jus dans le but d’augmenter la concentration de son rouge. Le jus plus clair ainsi retiré servait à la