Page 8 - Carnet de Voyage N°4
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Côté Nord Est
«dépêches», il commence par les diffuser en copiant à la main ces Avisen. Le délai imposé par ce travail de copiste retarde l’ac- tualité des nouvelles reçues. Il décide donc de les imprimer sur ses propres presses, sous le titre de Relation, à partir de l’automne 1605. Prétendant les recevoir de l’Ecosse à la Turquie et de l’Es- pagne à la Pologne, il les obtient en réalité de Cologne, Vienne, Prague, Venise et Rome. Il les pu- blie sans commentaire, telles qu’il les reçoit, mais agrémente les feuillets de gravures, tirées du stock des Jobin ou commandées à des artistes locaux, sans rapport avec les thèmes évoqués dans le texte. Deux années du journal sont conservées en entier : 1609 et 1612.
L’hebdomadaire Relation Page de titre de la collection de 1609 (BNUS)
A sa mort, un émule, Marx von der HEIDEN, cherche à prendre sa suite. En fait, son fils Moritz lui succède jusqu’à son propre dé- cès, en 1640. Le journal continue à paraître, en allemand, jusqu’à l’annexion de Strasbourg par Louis XIV en 1681.
Christian Wolff
Place Saint-Thomas, avec la maison de Carolus, dans A. Seyboth, Das alte Strassburg, 1870, entre p. 106 et 107
pages de nouvelles et d’échos non commentés, couvrant une grande partie de l’Europe. Un émule lança également en 1609, à Wolfenbüttel, en Allemagne du Nord, un hebdo- madaire qui ressemblait comme un frère au sien par son contenu. En 1604, une occasion se présente àlui.Ilacquiertl’imprimeriedeson ami Tobias JOBIN. Mort la même année à 34 ans, celui-ci est le fils aîné et le successeur malchan- ceux de Bernhard JOBIN, venu de Porrentruy, et de sa première femme, une sœur de l’écrivain Johann FISCHART, notamment traducteur de Rabelais. Bernhard a édité toutes les œuvres de son beau-frère ainsi que l’Edelsasser Cronick, en 1592, ouvrage de Bern- hard HERTZOG, bailli de Woerth et beau-père de Fischart. Il s’est aussi distingué en publiant des parti- tions musicales. En achetant cette imprimerie, payable en un délai de 10 ans, CAROLUS s’équipe de 3 presses, de 34 quintaux stras- bourgeois2 de caractères typo- graphiques et d’un stock de 190 ballots de livres3. Il ouvre en 1609 une boutique dans une maison
adossée à l’église Saint-Thomas. Johann CAROLUS et Anna FROE- LICH ont eu 9 enfants, tous bap- tisés à Saint-Thomas, de 1600 à 1611. Le couple a dicté le 1er dé- cembre 1609 ses dernières volon- tés dans un codicille, type d’acte moins solennel qu’un testament, dans sa maison de la place Saint-Thomas, entre une maison d’angle sur la Westhausergass et Peter EYCHHORN, tailleur4. Caro- lus y déclare qu’ils ont eu 7 en- fants dont 2 seulement survivent. Il constitue alors un douaire à sa femme, qui est enceinte.
Carolus est qualifié par le pasteur tantôt de relieur, tantôt d’imprimeur lors du baptême de ses enfants, alors qu’en 1609 le notaire Strintz le dit libraire. Il pratiquait donc les trois métiers en même temps.
De son vivant, Bernhard Jobin avait déjà imprimé des feuilles de plusieurs pages, diffusant des nou- velles d’événements marquants, de catastrophes naturelles, de guerres, en provenance de Paris ou des Pays-Bas. Carolus eut l’idée de les publier chaque semaine. Recevant d’un peu partout des
2 Un tel quintal (Centner) comptait 104 livres de 472 g chacune, soit au total près de 669 kg de caractères.
3 Notice Tobias Jobin, NDBA, fasc. 19, 1992, p. 1806-1807.
4 Archives de la Ville de Strasbourg, 58 Not 59 (notaire Strintz).